Livre d'Hugo Clément
Découvrez dans cet article une revue littéraire du premier ouvrage d'Hugo Clément, nommé "Comment j'ai arrêté de manger les animaux". Une remise en question sur nos habitudes alimentaires, notamment concernant la chair animale.

A la fin de ma troisième vidéo IGTV (que vous pouvez voir ici), je vous parle rapidement du livre d’Hugo Clément, nommé « Comment j’ai arrêté de manger les animaux ». Dans cet article, je souhaite vous en dire un peu plus sur cet ouvrage, qui est – selon moi – un incontournable pour toute personne motivée à transitionner vers un régime végétarien ou végétalien, spécialement quelqu’un qui aurait besoin d’un petit coup de motivation supplémentaire.
Je ne sais pas si vous connaissez le livre phare « La méthode pour en finir avec la cigarette », un best-seller pour les fumeurs souhaitant se débarrasser de cette vilaine habitude (guilty as charged…). Lors de la lecture, j’ai trouvé le contenu assez répétitif. En réalité, je crois qu’il fonctionne presque comme l’hypnose, une tentative de reformater le cerveau en répétant les mêmes informations constamment, sous des formes différentes, histoire de bien pénétrer dans les profondeurs cérébrales.
C’est un peu le même sentiment que j’ai eu en lisant l’ouvrage d’Hugo Clément. Comme mentionné dans ma vidéo citée ci-dessus, j’ai effectivement l’impression d’avoir été formatée dès mon plus jeune âge, notamment à m’habituer au goût de la viande, mais aussi à dissocier le steak ou le nugget d’un être vivant, sensible, intelligent, sociable et bienveillant.
Lorsque l’on prend du plaisir dans quelque chose, il est évident que d’y renoncer se ressent comme une forme de sacrifice. Par conséquent, nous gardons consciemment nos œillères pour ne pas avoir à affronter la triste réalité, une réalité qui nous pousserait sûrement vers un changement. Ces œillères, d’ailleurs, nous sont gentiment offertes par la société et le lobby des élevages industriels et de la pêche. L’expression « Vache à Lait » ne pourrait pas mieux tomber.
Par chance, j’ai une inappétence pour la viande depuis mon adolescence, bien que celle-ci ait toujours été très présente dans mon régime alimentaire. C’est ma tante qui aura été la première à remarquer une certaine réticence face aux produits carnés, et qui m’a demandé pour la toute première fois, quand j’avais environ quatorze ans :
« Mais, tu ne serais pas végétarienne ? »
J’avais été surprise par cette question, pour moi être végétarien n’était pas une fatalité, mais un choix que l’on s’imposait. A cette époque, j'aurais probablement pu faire une transition officielle, mais sans soutien de mes proches et par le manque de volonté qu'on a parfois à cet âge-là, ces questionnements ont progressivement disparu alors que la viande persistait à apparaître dans mes repas familiaux.
Aujourd’hui, j’ai beau répéter à ma mère que je suis végétarienne (en réalité, flexitarienne/pescetarienne… je fluctue, c’est une bataille au quotidien), il arrive parfois que je trouve un poulet rôti dans mon four en rentrant chez moi. Quand je l’appelle pour la questionner, elle me répond « Mais il est bio ! ».
Le fait est, c’est une autre génération. Il me semble beaucoup plus difficile de considérer ce genre de transition à cet âge-là.
Fort malheureusement, même si j’ai une facilité à sacrifier la majeure partie des produits carnés, il y a quelques exceptions inexplicables (bacon… viande séchée… mortadelle… et plus ou moins tous les poissons). Malgré être pleinement convaincue par la nécessité d’une transition vers un régime végétarien, que ce soit sur le plan écologique, sur le plan de la santé mais aussi afin d’être en accord avec mes valeurs, spécifiquement mon amour incommensurable pour les animaux - cela reste difficile. A ce jour, je pense suivre un régime végétarien à 85%.
Pour en revenir au livre d’Hugo Clément, c’est un ouvrage que j'estime essentiel, que ce soit dans l’accompagnement d’une démarche ou simplement afin de faire ses choix en pleine conscience, se remémorant sans cesse des incidences liées à la consommation de chair animale, ainsi que de la sensibilité et de l'intelligence des animaux.
La première partie du livre est la plus sympathique, elle est centrée sur cette thématique. Au travers d’exemples divers et variés, Hugo Clément démontre l’incroyable intelligence de plusieurs espèces différentes, leur gentillesse, leur affectivité, leurs comportements sociaux – et plus encore. J’ai sincèrement été bluffée et incroyablement émue. Je note entre autres des moutons capables de reconnaître la photo d’Obama, ainsi qu’une vache ayant tenté de cacher son veau à la naissance afin de lui sauver la vie. Et surtout, les merveilleuses aventures du labre - un poisson nettoyeur - et son véritable business de station lavage.
Un jour à un mariage, j’étais assise à côté du propriétaire d’une chaîne de restaurant genevoise, ayant au menu principalement des tartares, sous toutes les formes possibles. Nous avons commencé une conversation sur cette thématique lorsqu’il a vu que j’étais la seule convive à recevoir un repas végétarien. J’essaye toujours d’être très diplomate dans ce genre de contexte, car je ne pense pas que la confrontation ou l’émotivité sera bénéfique pour rallier des convertis à cette cause. En discutant, j’ai essayé de lui demander pourquoi il estimait convenable de tuer et manger les animaux. Et il m’a répondu :
« Parce que nous sommes la race supérieure ».
En réponse à cela, je retranscris ci-dessous un passage du livre :
« L’Homme n’est pas supérieur aux autres animaux. Certes, nous sommes aujourd’hui l’espèce dominante. Nous n’avons pas de prédateurs (…). Mais la domination, qui s’exprime souvent par la violence, l’injustice et la brutalité – n’est pas la supériorité. Par exemple, le groupe social des hommes domine, encore aujourd’hui, celui des femmes en monopolisant les postes de pouvoir. Mais l’homme n’est pas supérieur à la femme. Au niveau mondial, le groupe des humains à la peau blanche domine celui des humains à la peau noire, en s’accaparant les richesses. Mais l’homme blanc n’est pas supérieur à l’homme noir. De même, l’espèce humaine n’est pas supérieure aux autres espèces (…). Faire une hiérarchie entre les différents animaux n’a pas grand sens, puisque chaque espèce à un intérêt à vivre équivalent.»
Par ailleurs, nous mesurons également souvent cette dominance sur la base de notre intelligence, nettement supérieure. Mais si nous définissions l’espèce dominante selon la vitesse de course, la capacité à respirer sous l’eau ou à grimper sur un mur plat ? Nous ne serions pas en tête de liste.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, l'auteur parle des élevages industriels et de la pêche. C’était les chapitres les plus difficiles à lire, il faut vraiment s’accrocher. Très dur, mais – encore une fois – nécessaire. N’était-ce pas Paul McCartney qui disait, « Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien » ?
La violence des abattoirs, une réalité
Hugo Clément a interviewé un ancien employé d’abattoir (vous pouvez voir la vidéo ici), le trauma qui en a résulté pour cet homme est immensurable. Il fait référence à ces six années de vie comme « un calvaire ». Cela a également mis en lumière que les législations concernant la mise à mort ne sont pas appliquées dans la majeure partie des cas, par manque de temps. A un rythme de 35 bovins tués par heure, c’est une course contre la montre.
La troisième partie du livre est basée sur l’impact environnemental et la santé. Hugo Clément déconstruit les idées préconçues que l’on peut avoir sur la nécessité d'un apport protéine d’origine animale, mais parle également du nombre incalculable d’épidémies résultant de la consommation de chair animale. Effectivement, le jour où on attrapera un virus comme le Covid après avoir consommé une courgette trop mûre n’est pas encore arrivé.
Pour être honnête, j’ai beau ne pas encore être végétarienne à 100%, alors que j'écris ces lignes il semble que ma perception est celle d'un génocide animalier. L’écrivain polonais Isaac Bashevis Singer, juif et dont la famille a été victime de l’Holocauste, écrivait « Dans les relations avec les animaux, tous les gens sont des nazis. Et pour les animaux, c’est un éternel Treblinka.»
D’ailleurs, triste ironie, cet été 1 million de visons ont été tués par asphyxie au gaz, suite à l’épidémie du Covid.
La question que je me/vous pose est la suivante : Est-ce possible que nous ayons été tant formatés que nous ne puissions plus nous rendre compte de l’étendue de la souffrance que nous infligeons ?
Pour un blog que j'espère accessible et léger, c'est un sujet exhaustif, rude et morose - croyez-moi, je m'en rends compte. J’espère cependant avoir éveillé votre sensibilité et votre curiosité, sur cette thématique fondamentale du 21èm siècle.
Par ailleurs, Hugo Clément sera au Théâtre du Léman à Genève pour donner une conférence, le 28 mars 2021. Voir les informations sur cet évènement ici.
Je vais clôturer ce texte par une autre citation du livre, qui me fait entrevoir une lueur d’espoir :
« Il n’y a pas si longtemps, l’esclavage humain est devenu indéfendable quand la science a apporté les preuves que la supériorité raciale n’était qu’un préjugé sans fondement (Karine Lou Matignon). Tout porte donc à croire que le mouvement mondial en cours en faveur des animaux va se poursuivre et conduire à des transformations majeures de notre société et de nos rapports avec eux à moyen et long terme ».
Références
Hugo Clément, Comment j’ai arrêté de manger les animaux
Éditions du Seuil, 2019
Article de la Tribune de Genève, « Évoquer un holocauste animal n’est pas fortuit »
10.10.2017